Le Chemin de croix en l’église
Saint Martin de Marcinelle

Une œuvre majeure du sculpteur

Marcel Wolfers

L’église date du XVe siècle ; elle est de style romano-ogival de la première période et contient des pierres tombales. La tour romane est du XIIe siècle.

Très délabrée en 1920, elle échappe de peu à la destruction. C’est grâce à l’action de Jules Destrée et de sa «Prière pour une petite église wallonne» que l'église Saint-Martin fut sauvée et restaurée en 1923.

La décision de réaliser le Chemin de croix en s’appuyant sur un art régional – le grès grand feu – émane d’Albert Harmignie, curé de la paroisse, et s’inscrit dans un mouvement de l’époque prônant le renouveau des arts religieux. Il est clair que l’appel fait dès 1924 à un sculpteur membre de la dynastie artistique Wolfers devait permettre d’aboutir à une œuvre d’avant-garde.

De 1925 à 1931, Marcel Wolfers va créer le Chemin de croix suivant une technique originale : après une collaboration avec Roger Guérin à Bouffioulx et, à partir de 1928, une réalisation à Bruxelles par la firme Helman, les grès (biscuits) des différentes stations sont, non pas émaillés ou simplement peints par l’artiste, mais bien colorés de laque selon une technique de l’Extrême-Orient.

Marcel Wolfers décrit ainsi le défi posé par l’exécution de l’œuvre : « […] A n’importe quel moment du jour seuls quelques panneaux sont éclairés favorablement et pourtant tous doivent rester lisibles du matin au soir : ils doivent à tout instant pouvoir servir d’étais à la méditation du fidèle. D’où nécessité d’une polychromie, ou plutôt d’un artifice de valeurs contrastées (sombres et lumineuses) rendant les panneaux quoi que bas reliefs, indépendants de la lumière d’où elle vienne (possibilité de fixer la gamme des tons suivant la correspondance de leur valeur d’émotion avec le sujet de chaque station) […] ».

Quant au recours à la décoration en laque, il avait été perçu par Marcel Wolfers comme l’unique solution pour réaliser sa composition picturale par un procédé qui résiste à l’humidité et, contrairement à l’huile ou autre peinture, possède la caractéristique, malgré le défaut d’éclairage, de quand même rayonner d’une certaine luminosité.

La symbolique du Chemin de croix

Le Chemin de la croix n’est pas un acte de sadomasochisme, il est l’unique qui vainc le péché, le mal et la mort, parce qu’il débouche sur la lumière radieuse de la résurrection du Christ, en ouvrant les horizons de la vie nouvelle et pleine. C’est le Chemin de l’espérance et de l’avenir. Celui qui le parcourt avec générosité et avec foi, donne espérance et avenir à l’humanité. Il sème l’espoir.

"A l’abbé Harmignie, au curé de Marcinelle qui patienta six ans pendant que, tour à tour sculpteur, potier, laqueur, j’exécutais ce Chemin de la Croix pour lui, pour sa belle église, et pour moi. " Marcel Wolfers